vendredi 20 décembre 2013

La laine oui, mais laquelle ? Le mohair...

Happy Fanny - La laine
Laine teinte traditionnelle
La laine est filée depuis les débuts de la sédentarisation de l'Homme. Le mouton a ainsi été domestiqué entre le VIème et le VIIIème millénaire avant JC, la chèvre vers les 10.000 avant JC.
Pour filer les fibres, et d'abord la laine, l'Homme a commencé en utilisant ses mains et sa cuisse qui servait à rouler la fibre. Puis, grâce à une petite tige de bois fixée sur un poids en terre, cuite ou non, en pierre, en os (la fusaïole) le travail est devenu plus rapide et plus régulier.
Cet outil, le fuseau, a été utilisé jusqu'à récemment parce qu'il pouvait s'emmener partout. (Nous avions abordé cette technique dans l'article "le filage à l'ancienne").
Aujourd'hui, nous vous présentons le premier d'une série de billets qui vont vous faire (re)découvrir les différentes matières que nous travaillons et qui interviennent dans la fabrication de nos "Fannettes".
Commençons donc par la coiffure de ces demoiselles qui est réalisée en mohair...

La laine de mohair

Le mohair est le poil doux de la chèvre angora. Fibre naturelle et légère, le mohair résiste très bien au temps et s’entretient sans difficulté.
Connue 2 000 ans avant J.C au Tibet, c'est dès le 4ème siècle avant J.C que des tablettes de Sumer (actuelle Irak) témoignent de la présence des chèvres Angora alors que les grecs de l'antiquité racontent la célèbre histoire de Jason et la toison d'Or.
A partir du 11ème siècle, elle s'ébroue sur les plateaux de l'Anatolie en Turquie, au coeur de la province d'Angora (actuel Ankara). Là, se développe le premier artisanat du mohair - mot dont l'origine est Mukhayyar qui signifie "celle qui est choisie, la plus belle". Sa brillance, son élasticité, son confort et la beauté de ses couleurs séduisent les sultans et font sa renommée.
Dès le 16ème siècle, l'Europe commence à importer des fils et des vêtements turcs. Ce n'est qu'au 19ème siècle qu'elle dispose enfin de fibre brute et développe une véritable industrie du mohair, principalement en Angleterre et en France.

L'Europe et la France

En France au 15e Siècle, Jacques Coeur, grand argentier du roi Charles VII, fait venir un troupeau de ces "caprins à poil long, ondulé, doux et propre à la teinture". Ce troupeau est installé à la ferme de la "Chevrottière" dans les environs de Saint-Pourcain-sur-Sioule en Allier. On y apprend que le pelage de ces chèvres d'Orient servit pour le tissage précieux de linges liturgiques et d'habits sacerdotaux des moines du prieuré du Montet. Hélas les troupeaux ne survivent pas aux famines de l'époque.
Ce n'est que dans les années 80 que des éleveurs ont réussi sa réintroduction sur les pâturages français. Sa rusticité lui a permis de s'adapter à tous les milieux et à tous les climats.
Il existe depuis 1994 une charte de qualité « le mohair des fermes de France » qui garantit l’origine du produit (Fermes de France) ainsi que sa qualité. Cette charte impose un cahier des charges exigeant qui permet, à la laine produite sous ce label, de répondre aux plus hautes exigences traditionnelles artisanales.

Les critères de qualité

La qualité du mohair se définit selon quatre critères : la longueur des fibres, la finesse moyenne des fibres, l'homogénéité de la finesse, la pureté du mohair.
La longueur des fibres
Elles ont une longueur minimale comprise entre 7 et 8cm. Celle-ci est généralement atteinte au bout de six mois d'attente entre deux tontes.
Le rendement au lavage
Le rendement au lavage est la partie du mohair débarrassée des matières grasses et matières minérales par lavage en phase aqueuse. Cependant, toutes les matières végétales ne sont pas éliminées au cours de cette opération, seul le cardage le permet.
La finesse et les types de fibres
La finesse des fibres peut être mesurée selon différentes méthodes.
La méthode Air-Flow: Son principe repose sur la mesure de la perte de charge d'un flux d'air traversant une chambre de volume connue pour une masse connue de fibres. Cette perte de charge est proportionnelle à la finesse des fibres.
Le microscope à projection
La finesse ou plutôt la longueur des tronçons de fibre de 600 microns de longueur est mesurée par un opérateur sur 200 à 1800 fibres selon le degré de précision recherché. Cette méthode est longue et fastidieuse mais elle permet de connaître, outre la finesse moyenne, le coefficient de variation du diamètre moyen des différentes fibres mesurées. Elle permet de connaître aussi la qualité des canaux de la fibre (continu ou non).
Le laser scan
Cette méthode permet de mesurer rapidement, à l'aide d'un faisceau laser, la largeur des tronçons de fibre de 600 microns de longueur. Les résultats obtenus sont en grande partie similaires à ceux du microscope à projection. Nouvelles technologies obligent, l'ordinateur a été couplé au microscope pour pouvoir analyser plusieurs centaines de fibres sur une seule image.

La production française

En 1986, la France affiche une trentaine d'éleveurs pour une production annuelle d'1 tonne. En 2010, le nombre d'éleveurs s'élève à 140 et la production grimpe à 16 tonnes. On récolte la laine par tonte deux fois par an, et chaque chèvre produit en moyenne 5 kg de fibre par an. Ce qui représente un cheptel approximatif de 3200 têtes.

A suivre ...

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