vendredi 28 novembre 2014

Réchauffement climatique : la NASA, la Maison-Blanche et les Autres... (2/2)

Réchauffement climatique : le rapport de la Maison-Blanche
Réchauffement climatiqueRéchauffement climatique ©Happy Fanny
Suite de la première partie où je découvrais comment la menace qui pèse sur la planète était enfin "officialisée" par le gouvernement américain en personne. Après tant d'errance, de refus de regarder les choses en face... Malheureusement, ne serait-il pas déjà trop tard ?
L'Ours a pris ma crise ­­— à peine exagérée — avec une certaine pointe d'humour teintée de cynisme. Mais je me doute que, venant de lui, cette attitude cache autre chose. C'est pourquoi je suis à peine étonnée lorsqu'il m'affirme observer, avec un sentiment d'impuissance grandissant, ce qu'il considère être une guerre entre deux systèmes. Un conflit dont la source remonterait à plusieurs milliers d'années. Je lui demande de revenir sur Terre... Il m'affirme, l'air grave, que pour rien au monde il ne la quitterait. Alors ?
Du vent... « Tu t'es faite avoir. Normal, on s'est tous fait avoir au moins une fois sinon plus et parfois même celles et ceux qui se croyaient plus malins que les autres. Toutefois, “Ils” semblent vouloir reprendre l'initiative et il y a sans doute de bonnes raisons à cela. Des raisons qui pourraient s'avérer assez éloignées des effets que nous pourrions attendre d'une telle annonce. Peut-on espérer ? Peut-on rêver qu'il se soit passé quelque chose ? Je suis sceptique... Très sceptique. Tout cela semble n'être que du vent, une démarche relevant d'une stratégie autre qui n'est simplement pas lisible pour le moment.
Pour moi qu'importe cela, l'Amérique vient juste de donner naissance à un ennemi immatériel de plus dans le jeu qu'elle se livre. Un Titan invisible, un adversaire à la taille qu'elle pense encore représenter ou plutôt qu'elle voudrait que nous pensions qu'elle représente encore. Nous ? Les peuples de cette planète et tout particulièrement le sien. Tu sais comme dans ces films de propagande hollywoodiens où l'Oncle Sam s'avère être le seul capable de sauver le Monde, reléguant aux oubliettes l'intelligence de tout ce qui n'est pas Lui. Vision simpliste ? Peut-être, efficace assurément.
Malheureusement, il faut se rendre à l'évidence, les Etats-Unis de Thomas Jefferson ou de George Washington, ceux d' Abraham Lincoln, de Franklin Roosevelt sont morts. Ne reste qu'un ectoplasme dopé à la planche à billets — ce billet vert devenu une monnaie de singe, un truc proche du fantasme que tout le monde vénère puérilement — sublime anachronisme de la puissance révolue d'un Etat. Symbole de ce qu'elle fut, de ce qu'elle pourrait être encore alors qu'elle n'en est plus vraiment capable. Faute de le vouloir. Faute de le pouvoir. Faute de ne plus être en mesure de révéler des personnages de cette trempe susceptibles de faire s'affranchir la fusée américaine de la gravité de la situation. Faute de parvenir, en prenant de la hauteur, à trouver des solutions audacieuses qui entraineraient le pays, voir le Monde tout entier, derrière elles.
Après plus d'un demi-siècle de fiascos politico-militaires, de personnages guignolesques poussés sur le devant de la scène comme Présidents, on peut aisément le comprendre. D'ailleurs, l'un des plus illustres pantins que ce système ait pu produire ne se trompait pas totalement en affirmant que nous assistions à une guerre des Civilisations. C'est pourquoi, les Démons en col blanc tout comme les Petits barbus décapiteurs et autres bourreaux d'enfants ne sont que les nauséabondes manifestations d'un seul et même cancer qui ronge la planète toute entière. Je ne fais pas de distinction sur les effets produits, je n'en fais pas non plus sur les causes qui les placent sous les projecteurs ou les convictions profondes qui animent ces marionnettes.
Le modèle du gros bâton, si cher à Théodore Roosevelt[1], aura vécu et apparait encore moins adapté au monde actuel. Car il faut bien admettre qu'il n'aura jamais été que de la poudre de perlimpinpin. Pire, en bafouant - en grande partie ces derniers temps - l'esprit même de sa constitution, l'Amérique n'attise que les haines et y perd son âme. Celle qui, jadis, fit d'elle une Nation prometteuse. Celle qui faisait d'elle un pays dont j'admire encore certaines facettes et personnages qui ont pu contribuer à la tirer vers le haut. Essentiellement parce qu'en se débarrassant des scories de l'Ancien Monde elle avait su redonner, pour un temps, tout son sens au mot Liberté, accorder à l'Homme une place centrale et raviver ainsi le feu qui coule dans les veines de chaque être humain. Aujourd'hui, force est de constater l'immense gâchis dont elle s'est faite l'architecte.
Et ce rapport ?.. Ah oui, le fameux rapport. Bien fait, très chic, très design, très pro. Mais c'est du lyophilisé réchauffé. Vingt ans que le GIEC fait un boulot très pointu, centralise les travaux de scientifiques dont ils rendent compte des recherches régulièrement, alerte les politiques et les citoyens. Pour quel effet ? Aucun ou presque, à part bien sûr celui de se faire trainer dans la boue par des gens sans scrupules. Je veux parler de ces fameux climato-sceptiques dont les intérêts sont aussi proches du bien commun que je le suis d'eux-mêmes, gangrénant sans états d'âme les institutions légalement élues de part le Monde pour quelques poignées de riz. Mais il y a pire. Cela fait maintenant plus de quarante ans que le rapport du Club de Rome ou rapport Meadows prévoyait déjà ce qui se passe avec un pic de dangerosité maximum pour l'ensemble de la planète entre 2020 et 2050[2]. Décrié, jeté à la poubelle par des gens qui n'ont même pas eu l'honnêteté intellectuelle de le lire... Qui sont les charlatans?
Dès lors, comment ne pas penser que cette opération de com' "initiative" ne serait pas une fois de plus un tiroir à plusieurs fonds ?
Quel degré de crédibilité dans les intentions pourrait-on lui accorder lorsque la somme des contradictions, des mensonges, des tromperies, des veuleries même, l'entrave dans un élan que l'on aurait voulu sincère? Comment l'Amérique pourrait-elle se défaire du voile des illusions avec lequel elle s'évertue obstinément à décorer sa vitrine?
L'Histoire est comme le soleil du désert. Si ce dernier masque les ombres il n'en aplanit pas moins le relief, dissimulant ainsi les dangereuses ornières qu'il faudrait éviter. Probablement parce qu'en politique, ce qui est cru est plus important que ce qui est vrai.
En clair, l'Amérique ne fera rien parce qu'elle est prisonnière du système qu'elle a elle-même grandement contribué à créer. Lequel a continuellement misé sur l'interdépendance, tissant à cet effet suffisamment de liens pour que la survie de l'ensemble devienne critique à la moindre défaillance de l'un de ses désormais nombreux maillons. Dangereux pour une Nation, pas pour les gens tirant les ficelles et qui ont dépassé ce concept depuis bien longtemps. C'est pourquoi l'immobilisme prime et que cela risque de durer, jusqu'à la fin de ce système et le début d'un autre. Reste à savoir quel pourrait être cet "Autre".
Certains l'avaient déjà pressenti il y a plus d'un siècle en affirmant que : "Notre dieu est grand et l'argent est son prophète. Pour ses sacrifices, nous dévastons la nature entière. Nous nous vantons d'avoir conquis la matière et nous oublions que c'est la matière qui a fait de nous ses esclaves."[3]. Il n'est pas difficile de comprendre pourquoi certains voudraient voir perdurer cette chimère dont ils enorgueillissent tous leurs frontons. Symbole désuet de leur puissance et de leur gloire révélant aussi leur principale faiblesse.
A moins que... Les changements qui surviennent et commencent à être visibles de tous[4][5] ne finissent par être suffisamment "terribles" pour que l'inquiétude face place à la panique ou à une colère susceptible de ne plus laisser le choix aux autorités. Malheureusement, la 21ème conférence sur le climat - qui se déroulera en décembre 2015 à Paris - pourrait bien être du même acabit que celle qui s'est tenue aux Pays-Bas. Décevante et suicidaire et ce, malgré les accords historiques que Mr Hollande promet depuis la conférence environnementale qui s'est terminée aujourd'hui. Présomption d'efficacité qui me laisse sans voix. Existe-t-il une chance pour que cela soit le cas ? Et si oui, de quelles contraintes d'application seront-ils assortis ? Beaucoup de questions, peu de réponses.
Pour le moment, je note que la 20ème est déjà oubliée alors qu'elle n'a même pas encore eu lieu. Ou quand demain est déjà hier et l'année prochaine devient comme par magie aujourd'hui. C'est dire le sens des priorités de tous ces gouvernants. Mais à Paris on préfère annoncer, avec une candeur décomplexée, que ce "salon" cet évènement, sera l'occasion de ... démontrer le savoir-faire français! Ou quand "l'entreprise", si chère à certains qu'ils ne jurent plus hypocritement que par elle, parvient à supplanter l'intérêt général. On constate parfois chez ces hommes là un manque de décence qui forcerait presque l'admiration.
Désolé donc pour vous autres à Lima[6] si vous semblez être insignifiants à ce point sur la scène internationale. Désolé que personne ne s'en émeuve. Désolé chère planète si la France prend, un peu plus chaque jour, la fâcheuse habitude d'étrangler tous les principes qui ont fait d'elle ce qu'elle fut. Avant, "on ne négociait pas la grandeur", aujourd'hui on ne perd pas une occasion de se vautrer dans la fange de la médiocrité. Malheureusement, cette boue là ne fait pas disparaître les parasites. Elle les aideraient même à proliférer.
Les Chinois et les Américains[7], dans un esprit d'équipe qu'on ne leur connaissait pas dans ce domaine, "viendraient" de signer un accord "historique". Comme au bon vieux temps de la réduction de l'armement nucléaire où chacun conservait (devant une réduction drastique de façade) de quoi faire sauter plusieurs fois la planète. Les gouvernants chinois ; dont on nous bassine qu'ils font des efforts conséquents ; tambourinent avoir deux cents ans de retard de pollution sur les occidentaux... Rien que ça. A bon entendeur, salut! C'est dire le niveau d'argumentation de ces gens là face à des petits moutons apeurés rien qu'au souvenir du coup de 73'[8].
La chose est entendue : messieurs Barack Obama et Xi Jinping se moquent allègrement de la santé de cette planète et de tout ce qui vit dessus. Seule compte cette fameuse croissance devant laquelle on devrait tous se prosterner et pourquoi pas sacrifier des populations entières si cela s'avérait nécessaire. Il est vrai que pour certains une vie ne vaut pas plus que le prix d'une balle. Seulement voilà, aujourd'hui ils nous la jouent façon Boys Band. C'est plus sexy, cela voudrait être rassurant, mais ça n'éblouie toujours pas une fois que l'on éteint le flash de l'actualité. L'essentiel étant d'avoir aveuglé un maximum de personnes durant quelques heures afin de laisser l'illusion que la situation est sous contrôle.
Donc, c'est sans solution ?... Dans l'état actuel des choses, inutile de rêver, c'est clairement oui. Toutefois, si je suis persuadé que le salut ne viendra pas de l'Oncle Sam, ni d'aucune autre grande puissance d'ailleurs, je reste convaincu que l'ensemble des peuples peut jouer un rôle capital. Et vouloir adopter des comportements plus vertueux n'y suffira pas même si cela est nécessaire. Parce qu'il est grand temps de transcender ces idées qui ont vues le jour il y a quelques milliers d'années et pour lesquelles nous avons fait des choix lourds de conséquences. Parce qu'il faut prendre la mesure de nos erreurs afin de pouvoir au plus vite construire le monde de demain.
A défaut de quoi, j'ai bien peur que l'Histoire ne nous révèle déjà ce qui risque de se produire. Cette fois-çi dans des proportions bien plus cataclysmiques, malgré les torrents de prières qui ont pu s'élever jadis dans l'espoir d'un "plus jamais ça...". Car ce n'est pas la Planète qui nous tuera mais notre propre folie associée à l'impératif de survie qui caractérise si bien la race humaine.
C'est pourquoi dire Non au mot transition, ce n'est pas refuser le progrès. Dire Oui au mot rupture ; parce que nous n'avons plus le temps ; ne relève pas d'un certain radicalisme mais du réalisme et du courage. Dire Non au fatalisme, au pragmatisme de façade, Non à ce faux libéralisme et au chantage économique qui étouffent tout, Non cette nationalisation de la pensée, à cette mise au pas de tous les esprits, voilà le premier des défis à relever.
Nous, le Peuple de cette Terre, disposons de tous les outils nécessaires, de l'intelligence et de la créativité suffisante pour sauver ce Monde, explorer de nouvelles voies, inventer un nouveau système et ce sans l'aide de tous ces personnages à l'imagination et au courage en panne au milieu de la tempête. Ne manque plus que l'envie de prendre notre destin en main. Comme à cette époque, désormais lointaine, où le mot Liberté signifiait réellement quelque chose. Et c'est d'abord en brisant les chaines imaginaires dont nous nous sommes ferrés nous-mêmes, en balayant tous ces mirages dont on nous a gavés et en contemplant avec réalisme l'étendue de la tâche, que nous y parviendrons. Car ce ne sont pas d'hypothétiques hommes providentiels qui feront naître l'avenir mais les idées que nous saurons défendre et mettre en oeuvre avec intelligence et détermination.»

Notes et Sources
• Remerciements à l'écrivain Shahriar Mandinapour pour l'idée de "présentation auto-censurée". • Les Limites à la croissance (dans un monde fini) de Dennis, Donnella Meadows et Jorgen Randers. ISBN 291777035X (en français) • Le site Manicore géré par Jean-Marc Jancovici."Qu'il y a-t-il donc dans le rapport du club de Rome?" Lire.. • Emmanuel Todd après l'Empire ISBN 2070767108. Statistiques disponibles sur le site de l'Université de Sherbrooke (Canada) Okakura Kakuzō, érudit Japonais de l'Ere Meiji.
Approfondir
[1] - Modèle du bâton et marchands d'armes
Le budget militaire des USA atteint 18% des dépenses de l'Etat. Le groupe Carlyle est certainement la plus grosse entreprise d'armement au monde. Non côtée en bourse - on comprendra aisément pourquoi - elle voit régulièrement rejoindre ses rangs de nombreux hommes politiques américains ou étrangers, des sociétés connues d'autres secteurs, à des postes de prestige ou dans son conseil.
N'en citons que quelques uns : G.W Bush, John Major, Olivier Sarkozy, etc.
[2] - Rapport Meadows - Version réactualisée de 2012 - ISBN 291777035X (en français) [3] - citation d'Okakura Kakuzō [4] - Rapport GIEC 2014 synthétisé - Synthèse accessible [5] - Rapport GIEC 2014 - Rapport GIEC sur le site de l'IPCC [6] - Conférence Lima - COP20 Décembre 2014, Lima, Pérou. [7] - Article Libération - La Chine fait un pas timide (...) 12/11/2014. [8] - Choc 73' - Premier choc pétrolier, 1973.

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