jeudi 5 décembre 2013

Fanny, première du nom

Fanny, notre toute première Fannette Waldorf...
Nous vous présentons Fanny, la petite mascotte, celle par qui tout a commencé. Une poupée à l'image d'un premier enfant dont l'accouchement aura parfois été long et douloureux. La souffrance puis la libération, la joie, le bonheur. Celui dont on se souvient toute sa vie...
La première Fannette vraiment finie. Après des jours d'acharnement à faire et défaire, insatisfaite du travail. Jusqu'à en sentir des larmes de rage inonder mes yeux. La vue se brouille, les mains se crispent et l'aiguille dérape aisément forçant un retour à la réalité. S'abstenir d'y toucher quelques heures ou quelques jours pour mieux s'obstiner après.
La pouasse de la machine à coudre qui tombe en panne, du matériel parfois inadapté aux matières que je souhaite absolument travailler. Je m'entête et j'apprends. Jour après jour. D'autres sont passées par là, je n'ouvre pas une voie, je me contente de suivre une direction en apparence identique.
De ces “tristes moments” ne reste que l'impression de découvrir à chaque fois une contrée où ne règne que désolation. Ce chemin-ci n'était qu'une impasse, celui-ci une autre. L'atelier n'est plus à chaque fois qu'une pièce jonchée de fils, de tissus, de morceaux de laine, d'essais ratés, de fantômes de poupées sans têtes, sans bras ou sans jambes. Tristes clones clownesques de ce que mon imagination aura pu fomenter. Mais tout cela m'aide à acquérir l'humilité nécessaire à accomplir exactement ce que je souhaite. Le “drame” est que je ne le sais pas encore.
Repos. Recul. Attente. Oubli. Puis, une matinée survient qui n'est pas comme les autres. Je le sens. Mes mains, elles, le savent. La matière se plie enfin à ma volonté avec une déconcertante facilité. Le tissus, le fil, jadis indomptables, tous collaborent désormais avec loyauté à l'évènement. Heure après heure, Fanny prend vie. Tout sera allé très vite. Enfin, exténuée et fébrile, je la prends à bout de bras, la pose sur le bord de la commode. En cet instant précis je suis comme Gepetto contemplant un Pinocchio à qui la bonne fée vient d'insuffler une poussière de vie.
Un adage nous dit qu'“ une femme seule parvient à faire un bébé en neuf mois mais que neuf femmes ne feront jamais un bébé en un mois ”. Fanny, cette toute première Fannette, venait de me le démontrer magistralement. Je suis heureuse qu'elle ait pu m'apporter cela afin de pouvoir insuffler cet esprit dans toutes celles qui verront le jour.

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