samedi 1 février 2014

BIO : Les différents labels - Partie 2 - "Made By"


Bio : présentation des différents labels, aujourd'hui "Made By"
Logos Bio dans le fog
Dans la partie N°1 de cette série d'articles, nous abordions les problématiques auxquelles nous sommes confrontés dès lors que nous souhaitons acheter des produits composés de fibres végétales et/ou animales respectant l'humain et l'environnement.
Certes, les Etats - regroupés ou non en intérêts communs - mettent en place des lois débouchant ou non sur des labels. Toutefois, l'expérience a pu démontrer que leur efficacité globale n'était pas satisfaisante. D'autres ont donc décidé de palier à ces manques.
Les labels sont censés être là pour nous aider mais ils sont nombreux et les initiatives pour compléter leur perfectibilité l'étant tout autant, le sentiment d'être perdus et de ne plus trop savoir vers qui se tourner ne s'en trouve que plus accentué. Ceci a de nombreuses conséquences et ne facilite pas toujours les choix à faire.
Ces articles contribueront, nous l'espérons, à vous permettre d'aller plus loin dans vos réflexions.
Nous allons commencer par une petite organisation, "Made By", qui nous semble prometteuse au travers du concept qu'elle véhicule.

 

Made By

Présentation

Contrairement à la Fairtrade Foundation et l'Organisation mondiale du commerce équitable, "Made By" n'est pas une institution mondiale avec une longue histoire, mais une petite organisation Néerlandaise avec une approche très intelligente et efficace pour fournir la surveillance de la chaîne d'un objet à base de fibre végétale ou animale. Ainsi, chaque unité produite dans le cadre du programme Made By porte un bouton bleu et un numéro d'identification qui pourrait être entré sur le site "Made By" pour vérifier la provenance du vêtement en question (en fait nous n'avons rien trouvé de tel). Pour un tel vêtement, vous pouvez savoir qui a cultivé le coton, fabriqué le vêtement, exporté, etc. Et si vous ne possédez pas un tel vêtement, vous pouvez voir des exemples sur le site. Effectivement, certains partenaires de "Made By" offrent cette possibilité mais apparemment via leur site uniquement.
Ce niveau de transparence, s'il ne donne aucune garantie, permet néanmoins de saisir tout le potentiel de la démarche. Nous espérons que ce type de politique puisse se généraliser à l'avenir voir se combiner avec d'autres afin de renforcer des dispositifs plus globaux.

L'histoire

L'organisation a été fondée en 2004 par Solidaridad, une des principales ONG hollandaise à caractère international. Lancée en 1969, la fondation a quant à elle été créée en 1976. C'est elle que l'on retrouve en 1988 être à l’origine du label Max Havelaar pour le café à destination du marché néerlandais.
"Made By" collabore donc avec des marques et fabricants (plus d'une trentaine) dans le secteur textile, soucieux d'améliorer leur politique de développement durable. "Made By" se positionne d'une part en vecteur de communication auprès du grand public tandis que son association fondatrice, Solidaridad, met en place des programmes de développements avec des agriculteurs et des industriels.
En Inde, cela aurait permis ; d'après l'organisme ; d'améliorer les conditions de vie de plus de 75.000 agriculteurs en 2012. Dans ce pays, au travers du développement du coton bio, Solidaridad a pu contribuer à ce que des partenariats soient passés avec Levi Strauss, Adidas ou d'autres marques afin que ces derniers incorporent un part de ces ressources dans leurs productions respectives. En 2000, Solidaridad a lancé la marque de jeans biologiques Kuyichi après avoir vainement proposé un partenariat au suédois H&M pour lancer des vêtements à base de coton bio péruvien.
Les objectifs pour les cinq prochaines années sont axés sur cinq sujets :
• la production durable,
• la réduction de l'utilisation d'engrais, de pesticides et d'eau,
• l'amélioration des conditions sociales,
• la création d'un marché grand public de coton durable,
• l'amélioration des revenus des agriculteurs et la mise en place des organisations de producteurs.
Dernièrement Solidaridad, qui cherche à se rapprocher des grandes firmes pour accroître son impact, a passé un partenariat - très discuté - avec Unilever pour la canne à sucre.

... Ou ça vous gratouille ?...

Unilever deviendrait-elle vertueuse avec le temps, notamment après ses "histoires" en Inde où son discours sur le travail des enfants n'était pas toujours en adéquation avec ce qui se passait réellement sur le terrain... Construire des écoles c'est bien, faire en sorte que les enfants puissent s'y rendre, c'est beaucoup plus acceptable.
Depuis Juillet 2013 Unilever, pariant sur l'appauvrissement de la population en Europe, a engagé une nouvelle politique. Inspirée de leur propre modèle asiatique, les prix n'augmentent pas tandis que la quantité de produit conditionné baisse. L'augmentation devient alors plus facile à manipuler et bien plus importante qu'il n'aurait pu être possible de le faire en numéraire. Martin Hirsch, dans son livre "Cela devient cher d'être pauvre, Editions Stock, 2013", aborde ce problème qui pour nous ne va pas aller en s'améliorant.
Et si vous aviez encore quelques doutes, sachez que Mr Jan Zijderveld, patron d'Unilever, déclarait il y a peu au Financial Times Deutschland : "En Indonésie nous vendons des échantillons individuels de shampoing pour 2 à 3 centimes pièce et pourtant nous gagnons de l'argent", ce que nous sommes prêts à croire, tandis que l'adverbe nous semble superflu.
Innover dans le concept de l'inflation "désinflationiste" pourrait presque relever du Nobel d'économie, selon les critères actuels bien entendu. Ce monsieur est doué, assurément. Car trouver "ses" solutions à des problèmes que l'on a contribué a créer sans rien changer au système en place relève assurément d'un numéro d'équilibriste qui force l'admiration à défaut de susciter la reconnaissance de celles et ceux qui continuent de les subir. Voilà pourquoi nous disions devoir rester vigilants quelles que soient les circonstances. Il est très difficile de démontrer les conflits d'intérêt qui peuvent se faufiler derrière une façade lumineuse où clignotent les néons du commerce équitable. Certes, à tenir de tels propos, on risque de passer pour un monstre sans coeur qui ne voudrait pas que de pauvres Indiens ou Africains puissent bénéficier des bienfaits de notre civilisation dite avancée... Nous assumons notre réticence car nombreux sont ceux qui se sont laissés "piéger", volontairement ou involontairement, à certaines sirènes. Mais il s'agit là d'un sujet à part entière dont nous reparlerons plus tard.

Conclusion

"Made By" se base sur un concept que nous apprécions.
Et, si nous ne pouvons approuver que partiellement leur propos, nous comprenons bien la stratégie de vouloir changer les mentalités directement au niveau des firmes. Les plus radicaux diront que pactiser avec le "diable" pour le convertir relève du pêcher d'orgueil ou de l'utopie suicidaire.
Nous, nous pensons que de ne pas tenter une telle chose, serait nier le monde dans lequel nous vivons et relèverait autant de l'idiotie que de l'aveuglement dogmatique. Ce qui nous semble bien pire.
Nous sommes d'accord avec "Made By" sur le constat : les systèmes de certifications existants, même si certains d'entre eux sont très bien faits et très pointus, ne suffisent pas à englober toutes les facettes des problématiques qui ont cours.
Nous nous rejoignons sur le principe qu'une certification peut très bien se faire dans un effort qui, privilégiant des facteurs qualités ciblés, améliorera la sécurité du consommateur final au détriment des populations locales et de la Planète. Ce que tout le monde s'accordera à trouver parfaitement antinomique.
C'est clair, rien n'est parfait. Et les manques sont nombreux. Mais ne tombons pas dans le piège qui consisterait à renier les systèmes de certifications en surfant sur l'idée, trompeuse au demeurant, qu'ils seraient en définitive des dictats inutiles et contreproductifs. Attendons que les plus sérieux (GOTS, Oeko-Tex pour ne citer qu'eux) fassent évoluer ; rapidement si possible ; leurs référentiels en y introduisant petit à petit des périmètres jusqu'alors écartés.
En laissant à de grosses ONG le privilège de changer la mentalité des puissants, nous estimons que c'est au consommateur, à nous donc, d'apporter sa contribution en maîtrisant ses choix. En son âme et conscience.

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