vendredi 28 février 2014

Johann Johannsson - The Miners' Hymns

Hubert Goffin
L'actualité fait parfois ressurgir quelques lointains souvenirs. Ainsi, ces pauvres mineurs bloqués au fond d'une mine d'or illégale en Afrique du Sud ou certains faisant remonter en surface la calamiteuse histoire de la fin des Charbonnages de France au travers du projet de Compagnie nationale des mines de France (CMF).
En juillet 2012 il y avait bien eu cette cérémonie d'ouverture des J.O à Londres avec un petit rappel sur ce que l'ère victorienne devait aux mineurs anglais, car sans charbon point d'acier ni vapeur. Enfin, ce fut mon interprétation... Peut-être pas totalement celle de l'organisateur.
Je trouvai alors pour le moins cocasse ce juste rappel des choses après la violence des mesures de Mme Thatcher envers les mineurs de son pays. Que le but économique recherché ait été justifié ou non est un autre débat... Puisque la fin d'une chose n'est pas gravée dans le marbre et que, en fonction des impératifs d'un jour, les vérités qui s'imposaient hier deviendront caduques demain.
Maintenant je me contente de regarder affectueusement ces vieilles photos noir et blanc et de penser à toutes ces « gueules noires » qui ont fait la grandeur d'un pays, la fortune d'une poignée.
Je repense à celles et ceux, enfants parfois âgés d'à peine plus de huit ans, adultes ou "anciens" déjà rongés par la maladie, qui auront de tous temps risqué leurs vies pour extraire cette roche indispensable au développement industriel de leurs pays respectifs. La plupart d'entre eux étaient condamnés dès lors qu'ils entraient dans la « cage ».
En étaient-ils seulement conscients ? Savaient-ils ce qu'ils risquaient à moyen ou à long terme : Maladies articulaires, silicose, exposition au radon déclenchant des cancers des poumons, voir d'autres formes de cancer lié à une exposition à des doses radioactives parfois importantes, maladies respiratoires dûes à l'inhalation de poussières...Sans parler des catastrophes liées à des poches de gaz, ce fameux grisou (que l'on voudrait bien aujourd'hui récupérer), des effondrements ou inondations subites.
Avaient-ils vraiment le choix ? Leur avaient-on seulement laissé ?
Certes, le Monde avance, le tout étant d'en apprécier les buts ultimes ce qui nous permettra d'appréhender la vitesse à laquelle nous voudrions nous-mêmes nous mouvoir.
Quelle que soit l'option que chacun retiendra, il n'est pas vain de prendre quelques minutes pour se recueillir sur la mémoire de ces gens et de leur adresser un peu de reconnaissance silencieuse pour le prix qu'ils ont pu payer.
Aujourd'hui, une histoire me revient en tête. Celle de ce mineur, 1er homme du peuple à avoir été décoré de la légion d'honneur en son temps. Et lui, pour un acte d'héroïsme... Tout un symbole. Ainsi, il choisit de ne pas laisser tomber ses camarades et resta avec eux au fond de la mine inondée après une rupture de digue. Son fils de 12 ans, Mathieu, fit un choix identique. Le père parvint à calmer les esprits, à exhorter les 70 hommes bloqués à creuser une galerie de secours. Ce qui les sauva tous. Ils s'appelaient Hubert et Mathieu Goffin.
Cela se passait il y a tout juste 202 ans, le 28 février 1812[1].

Le clip qui suit a été réalisé par Bill Morrison à partir d'images d'archives, le compositeur est Islandais et s'appelle Johann Johannsson. Eux-aussi ont voulu, à leur façon, rendre hommage aux gueules noirs.
Le deuxième clip a été tourné à l'église St Martin de Courtrai et est particulièrement réussi sur un plan acoustique. Un bien bel hommage à regarder et à écouter[2].






Approfondir

[1] - L'histoire d'Hubert Goffin
Vous trouverez sur le site Napoleon.org un article détaillé qui relate la tragédie survenue le 28 février 1812 du côté de la ville de Liège.

[2] - Johann Johannsson
L'album IBM 1401, A User's Manual ou encore Fordlândia sont parmi ses meilleures compositions.

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